Récit de week-end (un peu arrangé) 5 – Le hayon
Il y a quelques temps, je me suis pris le coffre sur la tête.
C’était un lundi matin. Je m’en souviens comme si c’était hier tellement le choc a été brutal.
Je ne parlais pas beaucoup ce matin-là, la tronche du lundi matin…Un peu dans le cirage, j’ai tout préparé mécaniquement : le café, le p’tit dej, les enfants, les cartables…
Les missions et rituels du matin accomplis, j’ai dû me rendre au travail. Je me suis garée. J’ai récupéré mes affaires dans le coffre et là, ce fut le choc.
Trou noir.
Je ne peux pas relater la suite de cette journée. J’ai tout oublié.
Le soir-même, une fois les enfants couchés, je me suis plainte auprès de Minsk d’une douleur à la tête. Le fait même de me confier m’a permis de recouvrer la mémoire. Ce n’était pas le ciel mais bien mon coffre qui m’était tombé sur la tête !
C’est vrai que le hayon était plutôt faiblard les jours précédant le choc mais je ne m’étais pas alarmée…
Minsk, en bon bricoleur prêt à tout pour m’éviter une seconde mésaventure, a remplacé les pièces défectueuses le plus vite possible.
Ma vie a pris un tout autre sens depuis ce jour-là. Je me sens pousser des ailes !
Le matin, je n’ai plus qu’à appuyer délicatement sur le bouton et le coffre s’ouvre tout seul !
Par contre, j’avoue que je galère un peu pour le fermer…
Dans les premiers temps, on s’y est mis à trois, avec les enfants !
On a essayé plusieurs combinaisons :
-Accrocher Santiago à la poignée, Vilnius lui tirait sur la jambe et moi j’attrapais Vilnius à la taille. Ça n’a pas fonctionné. Santiago s’est fait mal aux doigts…
-Vilnius a tenté de grimper, de s’agripper à la poignée, de réaliser le grand saut et de faire en sorte que nous le récupérions à la volée . Echec cuisant, encore une fois. Il s’est fait mal aux genoux…
– Je suis restée suspendue et les enfants scandaient « Allez maman, allez maman ! »
A part rameuter tout le quartier et me flanquer la migraine, ça n’a rien donné.
…
J’ai décidé de me mettre à la muscu. Au bout de quelques semaines, les effets ont été visibles. En poussant un petit cri de guerre, j’ai réussi à fermer le coffre seule.
Aujourd’hui, quand je prends un dos d’âne, il peut encore arriver que le coffre s’ouvre de lui-même. Je me sens comme Marty McFly certains jours, dans la Batmobile d’autres jours. Je fais le maximum pour rester concentrée parce que j’ai déjà perdu beaucoup de cahiers d’élèves, de copies à corriger…Même si j’ai une bonne excuse, ça fait mauvais effet.
Si un jour, vous me croisez sur le bas-côté refermant mon coffre le sourire aux lèvres, vous saurez pourquoi 
!