Récit de week-end un peu arrangé 2 – La foire
Ce week-end, c’est la foire. Notre commune organise une grande fête médiévale pour célébrer son prestigieux marché. En bons citoyens, nous décidons de nous y rendre.
C’est foule. Des barrières sont installées tout autour de notre centre-ville. Nous sommes cernés. Nous devons rendre les armes et présenter le pass pour accéder à la fête.
Nous nous plions à la demande.
Les enfants se lassent vite. Ils réclament des animaux.
Comme il est fort désagréable de négocier avec un enfant en public ou de le laisser vadrouiller parmi 5000 badauds, nous cédons. Nous nous dirigeons vers les animaux. Il fait chaud. Les effluves sont importants. Les crottins aussi.
Au loin, nous pouvons distinguer quelques lumières attirantes, comme un signal, un appel irrépressible. Nos enfants aussi les perçoivent. Nous sommes proches de la fête foraine. Nous sommes piégés !
Le dos voûté et la tête basse, nous nous y rendons et faisons un saut temporel de 900 ans pour revenir dans notre bonne vieille année 2021.
D’autres parents aussi sont pris au piège. Nos regards désespérés se croisent.
Nos enfants s’installent dans le manège. Ils ont l’air heureux. On a peut-être bien fait d’accepter. Il faut savoir lâcher prise, comme on dit. Et là, c’est le moment où tout bascule, le moment tant attendu du pompon ! 1, 2, 3 pompons, la fête foraine a bien changé depuis notre tendre enfance où nous étions fiers d’attraper le seul et unique pompon qui nous était proposé.
On pouvait avoir la tête haute à l’époque, le pompon était rare !
Aujourd’hui, il y a presque autant de pompons qui vont et viennent que d’enfants présents dans les véhicules tournants.
Santiago et Vilnius ont de l’entrainement. Chacun leur tour, pendant près de trente minutes, ils attrapent le pompon en alternance. Nous avons cru ne jamais nous en sortir ! Alors que certains parents novices clament des « ouiii, Bravo ! » à leur progéniture, je dois menacer Vilnius et Santiago d’être privés de chocolat s’ils continuent à attraper ce fichu Mickey !
Le chantage fonctionne.
Vilnius veut faire du trampoline. Une fois harnaché, il se souvient qu’il a peur du vide. On attache Santiago à sa place. Il vole si haut qu’on ne l’entend plus, pour une fois.
Dix minutes plus tard, nous parvenons à quitter la zone du trampoline. Pour sortir, nous devons repasser devant les manèges. Alors que je discute une petite minute seulement avec Jakarta pour lui souhaiter bon courage parce que sa fille est dans le manège, Santiago s’engouffre dans la brèche et s’y installe à nouveau.
Nous réussirons à nous échapper de la fête foraine une heure trente seulement après y avoir déposé le pied.
Nous avons vécu la fête médiévale à notre façon…