Récit de vacances (un peu arrangé) 6 : « Fraise «
On part quelques jours alors il faut gérer le poisson. Santiago l’a eu en cadeau à son anniversaire. Il y tient à son poisson mais par contre, c’est Minsk et moi qui gérons les soins. Faut pas exagérer quand même.
Au moment de partir, je pense au poisson.
Comme Minsk charge la voiture, j’ai une demi-heure devant moi, au moins.
Je décide de le mettre (le poisson, pas Minsk) en garde chez mes parents. Ils n’habitent pas loin. Pas besoin de trouver un autre moyen de transport que le bocal, ça va le faire ! On va rouler tranquille.
Je cale l’aquarium sous les pieds de Vilnius, en cas de coup de frein. Il tient à réussir sa mission, il ne bougera pas ses pieds !
A droite et à gauche, je me sers du livre du roi lion et du livre de la Jungle. Ça tient.
On roule tranquillement. Y’a pas mal de trous quand même sur la route. Ça clapote. Santiago bavarde beaucoup mais j’entends pas Vilnius.
– Ça va ?
– Je me fais arroser les pieds…
– C’est pas grave, du moment que Fraise ne bascule pas.
Je n’avais pas pensé au dos d’âne devant le cinéma. Je pensais à Vilnius et à ses pieds. Je l’ai pris un peu trop vite et là, Fraise (le poisson ainsi nommé par les enfants) a dû voir sa vie défiler. Les pieds de Vilnius ont bougé et j’ai cru que Fraise allait remplacer la bouche d’OSS 117 sur l’affiche du cinoche. Le bocal a fait une sorte de rebond mais Vilnius, déterminé à tout donner pour sauver son poisson, a maîtrisé la situation.
Chacun reprend ses esprits et nous roulons deux kilomètres en silence tentant de nous remettre de ces émotions.
On arrive chez papy et mamie. Les enfants déboulent, comme d’habitude. Ils vont appuyer trente-six fois sur la sonnette et filent se cacher derrière la haie . J’imagine que leurs grands-parents apprécient…
Je ne peux toujours pas aujourd’hui expliquer pourquoi j’ai mis du gel hydroalcoolique à ce moment-là. Ils m’ont mis la pression avec leurs gestes barrière…J’ai pris le bocal. Au même moment, papy a ouvert la porte. Santiago et Vilnius se sont engouffrés dans la maison. J’ai extrait Fraise de la voiture, avancé de trois pas vers la porte d’entrée. Santiago m’a claqué cette même porte au nez avec élégance.
Mes mains ont glissé ! Le gel, sans doute…