Récit arrangé 24 : Fraise – le retour!
On aime les traditions. Celle-ci est incontournable. On doit emmener Fraise chez papy et mamie.
L’habitude aidant et la malice se développant, je vide l’eau de l’aquarium de moitié. Ainsi, je pense que ça clapotera beaucoup moins.
Cette année, Minsk est dans le coup. Pas besoin de caler l’aquarium au plancher de la voiture avec des livres.
Je suis déjà au volant, prête à démarrer.
Santiago grogne parce qu’il doit mettre sa ceinture tout seul et que ça représente un effort.
Vilnius est calme, serein. Il me donne l’impression de faire du yoga quotidien depuis qu’il est en vacances. Ça lui va bien au teint.
Minsk confie l’aquarium à Vilnius. J’ai tellement confiance que je ne regarde même pas comment il l’installe.
On démarre. Au premier virage, ça clapote. J’ai dû mal négocier le niveau d’eau.
Santiago prend la parole :
-Ah bah là, c’est quand même moins pire que la dernière fois !
-Pourquoi ? réponds-je.
-Bah parce que c’était entre ses jambes.
-Et là, c’est où ?
-Entre ses jambes.
Je me dis que Santiago déraille. Que son effet vacances à lui, c’est de perdre quelques capacités cérébrales, comme moi.
Je ne prête pas attention à sa remarque.
Vilnius commence à grogner. La route est quelque peu abîmée et ça clapote pas mal quand même !
Il m’interpelle :
-Maman, je commence à être trempé !
-C’est pas grave, ça clapote juste un peu. Du moment que Fraise ne bascule pas…C’est elle, l’objectif !
Après un rond-point critique, on arrive sur une ligne droite et lisse. On se détend. J’accélère. Et je l’oublie.
J’oublie ce dos-d’âne à l’entrée du village de papy et mamie. J’oublie ce dos d’âne qui fait tout envoyer valser.
Vilnius prononce une sacrée quantité d’onomatopées.
Silence.
Je me gare et je me retourne. Surprise, je dis :
-Oh, mais je ne savais pas que papa avait mis Fraise ici, à l’entrejambe !
Je refais le film dans ma tête. Je me rends compte que Santiago ne perd pas véritablement ses neurones en vacances.
Ce problème ne doit toucher que moi.
Vilnius est trempé devant et derrière comme s’il n’avait pas pu se retenir.
Santiago sonne à la porte de papy et mamie. Vilnius baisse les yeux. J’éclate de rire.
Vilnius, plutôt à l’aise dans ce terrain conquis, se déshabille et s’apprête à jouer nu pendant que je discute avec ses grands-parents.
Je l’enrubanne avec une serviette. Il se sent féminisé mais il accepte la situation.
La canicule venteuse sèche ses vêtements en un temps record.
Nous partons faire des courses quand Mamy Cotonou m’offre la solution sur un plateau :
- Mais pourquoi, tu ne le mets pas dans un plat en Pyrex ton poisson ? Avec un couvercle ?
Mais oui, c’est vrai ça, pourquoi ?